Bienvenue, sur cette page oĂč nous allons vous parler des Jardins tendances Zens Japonais.Â
A travers les Ă©poques… đ
Sommaire
Quelle est l'histoire des jardins tendances Zens Japonais ?
Historiquement, les diffĂ©rents styles de jardins sont apparus sur lâĂźle de HonshĆ«, la grande Ăźle centrale du Japon.
Son climat tempéré et humide, avec quatre saisons bien distinctes, a façonné ces styles.
Enrichis par la diversitĂ© de la flore, dont la variĂ©tĂ© dâespĂšces dâarbres caducs et sempervirents.
La gĂ©ographie de lâĂźle, en bonne partie composĂ©e de massifs volcaniques parcourus dâĂ©troites vallĂ©es, a conduit Ă lâemploi de styles naturels.
Adaptés aux contours du terrain, et ne cherchant pas à imposer un grand dessin géométrique aux jardins.
Les paysages de montagne (pentes raides, torrents, chutes dâeau, pĂąturages) et de cĂŽtes dĂ©coupĂ©es forment autant de motifs naturels qui se retrouvent sous diverses formes dans les diffĂ©rents styles.
Historique des jardins tendances Zens Japonais : Antiquité
Pendant la pĂ©riode JĆmon (avant â300), les abords dĂ©gagĂ©s des arbres, des rochers ou des chutes dâeau ainsi que des plages de galets sont utilisĂ©s Ă des fins religieuses.
Et certains rochers ont une signification divine qui sera transmise au shintoĂŻsme : ils abritent les kami.
Les premiers sanctuaires shintĆ de la pĂ©riode Yayoi (â300 Ă +250), dont le Ise-jingĂ», utilisent des graviers ou du sable pour dĂ©limiter un espace sacrĂ© (yuniwa).
ParallĂšlement, la culture du riz entraĂźne le terrassement et lâirrigation.
Et donne ainsi naissance Ă des lieux dĂ©diĂ©s Ă lâagriculture.
La combinaison dans diverses proportions des espaces sacrés et des espaces cultivés amÚne aux différents types de jardins.
Les tertres de la période Kofun (250-538) marquent les premiÚres ébauches de jardins.
Câest sous lâinfluence du bouddhisme que les premiers vĂ©ritables jardins sont dessinĂ©s.
Pendant la période Asuka (538-710), puis la période Nara (710-794).
Ono no Imoko, le premier diplomate japonais
Ono no Imoko, le premier diplomate japonais Ă se rendre en Chine, ramĂšne de nombreuses descriptions des jardins chinois.
En 612, un premier jardin bouddhiste est aménagé par Michiko no Takumi (un immigré coréen, aussi appelé Shikomaro).
Pour lâimpĂ©ratrice Suiko ; il reprĂ©sente le mont Shumisen (Sumeru) sur une Ăźle, au milieu dâun lac artificiel, reliĂ©e par un pont au style chinois (kurebashi).
Dâautres jardins comprennent des reproductions de scĂšnes cĂŽtiĂšres, des fontaines de pierre, ou des ponts de style chinois.
Aucun jardin de cette pĂ©riode nâa Ă©tĂ© prĂ©servĂ©.
Mais on en connaĂźt les descriptions via des Ă©crits comme le ManâyĆshĆ«, une anthologie de poĂ©sie publiĂ©e vers 760.
Des fouilles rĂ©centes Ă Nara ont Ă©galement permis dâanalyser quelques exemples de yarimizu, ou « jardins-riviĂšres ».
InspirĂ©s par les jardins chinois de la dynastie Tang, ces jardins dâagrĂ©ment sont amĂ©nagĂ©s sur une riviĂšre.
Et comportent de nombreuses formations rocheuses, puis se terminent dans un Ă©tang ou un lac artificiel.
Ils Ă©taient le plus souvent parcourus en bateau, oĂč la noblesse sâessayait Ă des improvisations de poĂ©sie.
Dâautres excavations ont permis de restaurer partiellement deux jardins Ă Nara, HeijĆkyĆ SakyĆ SanjĆ NibĆ Miya et TĆin.
Historique des jardins tendances Zens japonais : Ăpoque Heian
Le premier style japonais, shinden-zukuri, qui est principalement un style architectural, se dĂ©veloppe pendant lâĂ©poque de Heian (794-1185).
Il est fortement marquĂ© par la gĂ©omancie chinoise : les bĂątiments sont disposĂ©s selon les points cardinaux, autour dâun bĂątiment central (shinden).
Une riviĂšre traverse le complexe du nord-est vers le sud-ouest, puis rejoint une mare au sud du bĂątiment (le jardin est appelĂ©Â chitei ou « jardin-mare »), et repart dâouest en est devant ce bĂątiment.
Une Ăźle se trouve gĂ©nĂ©ralement au centre du plan dâeau ; elle est reliĂ©e Ă la terre par un petit pont (parfois plusieurs, souvent en bois peint en vermillon) et symbolise le monde des immortels (Horai).
Une cour de sable (nantei) recouvre lâespace entre le shinden et le plan dâeau.
Alors que le style shinden des bùtiments est encore empreint de symétrie.
Ces premiers jardins sont dĂ©jĂ amĂ©nagĂ©s asymĂ©triquement, et il est vraisemblable que câest lâagencement des jardins qui a provoquĂ© lâapparition de lâasymĂ©trie dans lâarchitecture japonaise.
Aucun exemple de cette pĂ©riode nâest conservĂ© sous sa forme dâorigine.
Mais des témoignages en sont conservés dans des ouvrages comme le Sakuteiki de Tachibana no Toshitsuna (1028-1094), le plus ancien manuel sur le jardinage japonais.
Ou des récits comme Le Dit du Genji (Genji Monogatari), le Journal de Dame Murasaki (Murasaki Shikibu Niki), ou Les Miracles de Kasuga Gongen (Kasuga gongen genki-e).
Le jardin du temple Daikaku-ji
Le jardin du temple Daikaku-ji Ă KyĆto Ă©tait Ă lâorigine un jardin shinden.
Plusieurs jardins et rĂ©sidences de KyĆto sont reliĂ©s entre eux par des riviĂšres ou canaux, et donnent naissance au style funa-asobi (« bateau de plaisance »), conçu pour ĂȘtre vu depuis une barque.
Les jardins de lâĂ©poque Heian sont marquĂ©s par des valeurs esthĂ©tiques spĂ©cifiques.
miyabi (le raffinement), mujĆ (la mĂ©lancolie, liĂ©e Ă lâimpermanence dans le bouddhisme), et mono no aware (la compassion provoquĂ©e par la beautĂ©).
Ces jardins sont dĂ©jĂ conçus pour ĂȘtre attractifs aux diffĂ©rentes saisons.
Vers la fin de lâĂ©poque Heian apparaĂźt un nouveau style, issu du mouvement bouddhiste Terre pure (jĆdo), et plus souvent utilisĂ© dans les temples que les palais.
Le jardin de style Terre pure (ou Amida) est une reprĂ©sentation du « Paradis de lâOuest » oĂč rĂšgne Amida, et constitue un lointain descendant du jardin persan.
Il se dĂ©veloppe au moment oĂč le pouvoir central sâĂ©tiole, et oĂč la noblesse craint pour son avenir.
Il reprend le thĂšme du plan dâeau et de lâĂźle centrale Horai (qui devient la Terre pure) reliĂ©e par un pont (qui symbolise la voie du salut).
Des reprĂ©sentants de ce style sont ByĆdĆ-in (Ă Uji) et JĆruri-ji (prĂšs de Nara).
Historique des jardins tendances Zens Japonais : Ăpoques de Kamakura et de Muromachi
LâĂ©poque de Kamakura marque le passage graduel du pouvoir de la noblesse aux militaires (bakufu) et lâascendance des samouraĂŻs, au moment oĂč le bouddhisme zen sâĂ©tend dans le pays.
Et oĂč lâinfluence de la culture chinoise (Song) se renouvelle.
Ces transformations provoquent une transition en profondeur de la fonction et de lâesthĂ©tique des jardins.
Le bouddhisme zen se développe au Japon à partir du dixiÚme siÚcle.
Les premiers jardins zen sont conçus pendant lâĂ©poque de Kamakura (1185-1333) ; ils dĂ©laissent les plantes Ă fleurs au profit dâarbres sempervirents.
Et cherchent à créer une atmosphÚre de calme propice à la contemplation et la méditation.
MusĆ Soseki (1275-1351), un grand prĂȘtre zen de lâĂ©cole Rinzai, est le principal architecte des jardins de temple de cette Ă©poque, dont SaihĆ-ji, Tenryu-ji ou Risen-ji.
Lâambition de reprĂ©senter lâunivers entier dans le jardin pousse Ă lâabstraction et la mĂ©taphore.
Et vers lâĂ©poque de Muromachi (1336-1573) apparaissent les premiers vĂ©ritables jardins secs (karesansui, « sec-montagne-eau » ; ce terme est dĂ©jĂ prĂ©sent dans le Sakuteiki).
Marquant le passage du mimĂ©tisme de lâĂ©poque Heian au symbolisme.
LâĂ©poque de Muromachi
LâĂ©poque de Muromachi est souvent considĂ©rĂ©e comme lâapogĂ©e de lâarchitecture des jardins.
Ă cette pĂ©riode, lâamĂ©nagement de jardins passe progressivement des prĂȘtres Ă une caste semi-professionnelle de jardiniers, senzui kawaramono, issus de basses conditions, les kawaramono (« habitants prĂšs de la riviĂšre », câest-Ă -dire les zones inondables et insalubres).
Ils portent le suffixe « -ami » qui indique leur ascendance populaire.
Zenâami (1386-1482) est ainsi un des premiers jardiniers de basse caste Ă obtenir une vraie reconnaissance, facilitĂ©e par les moines zen.
Beaucoup plus égalitaires que le reste de la société japonaise.
Les manuels les plus respectĂ©s de cette pĂ©riode sont le Senzui narabi ni yagyĆ no zu (ReprĂ©sentation des montagnes, de lâeau et des paysages, ~1466).
Et le Tsukiyama Sansui Den (Sur les jardins avec collines) de SĆami (1455-1525).
Lâarchitecte du Ginkaku-ji et, probablement, du jardin sec de RyĆan-ji.
La noblesse militaire sâintĂ©resse elle aussi aux jardins, mais les voit comme objets de contemplation plutĂŽt que comme lieux dâactivitĂ©.
Ces jardins privĂ©s de lâĂ©poque Kamakura sont alors principalement conçus pour leur attrait visuel, et leurs concepteurs sont les ishitatesĆ, des « moines installateurs de rochers ».
Ils sont marquĂ©s par le style shoin-zukuri dâarchitecture intĂ©rieure.
On les observe depuis une piĂšce, le shoin (alcove), qui offre une composition similaire Ă un tableau (en particulier un tableau peint dans le style chinois de lâĂ©poque Song), et qui appelle Ă la contemplation (kanshĆ ou zakan).
Ils constituent ainsi une sorte de terrarium Ă ciel ouvert.
Selon Inaji Toshiro, ces deux Ă©volutions marquent les interprĂ©tations opposĂ©es du mĂȘme modĂšle shinden.
Les temples gardant la cour de sable et choisissant lâabstraction.
Les soldats gardant le jardin et choisissant la représentation.
Historique des jardins tendances Zens Japonais : Ăpoque Momoyama
Jardin et maison de thé « Shunsoro », construite par Urakusai Oda, frÚre de Nobunaga Oda
LâĂ©poque Momoyama ne dure que 32 ans (1568-1600), mais est marquĂ©e par le dĂ©veloppement de la cĂ©rĂ©monie du thĂ©.
Sous lâinfluence de Sen no RikyĆ« (1522-1591), la cĂ©rĂ©monie du thĂ© se codifie autour du principe du wabi (« rusticité » ou « raffinement sobre et calme »).
Ă lâopposĂ© des pavillons de thĂ© opulents favorisĂ©s par la noblesse, le mouvement wabi-cha rejette les artifices et met en valeur la simplicitĂ© et lâasymĂ©trie.
Le jardin de thĂ© est une composante de lâespace mĂ©ditatif nĂ©cessaire Ă la cĂ©rĂ©monie du thĂ©.
Il permet la transition du monde extĂ©rieur Ă un espace clos dĂ©diĂ© Ă lâintrospection, et symbolise le petit sentier de montagne conduisant Ă lâabri sommaire dâun ermite.
Outre les jardins, lâesthĂ©tique de la cĂ©rĂ©monie de thĂ© exerce une influence considĂ©rable sur lâensemble de la culture japonaise.
Parmi les jardins de lâĂ©poque Momoyama se trouvent Entokuin, HonpĆ-ji, Omote Senke et SanbĆ-in, tous Ă KyĆto.
Historique des jardins : Ăpoque dâEdo
LâĂ©poque dâEdo (1600-1868) voit le dĂ©veloppement de deux classes, les daimyo (gouverneurs fĂ©odaux) et les chĆnin (bourgeois).
Les premiers installent dâimmenses jardins de promenade dans leur domaine.
Tandis que les seconds créent de minuscules jardins dans la cour de leur maison.
Les premiers jardins de promenade sont construits pendant lâĂ©poque de Kamakura.
Mais atteignent leurs sommets de popularitĂ© pendant lâĂ©poque dâEdo (1600-1868).
Construits par les aristocrates, ce sont les plus grands des jardins japonais, mais les marchands construisent aussi de petits jardins reprenant les mĂȘmes motifs.
Ils dĂ©pendent le plus souvent dâun palais ou dâune villa, et sont conçus pour la promenade et la relaxation.
Ils reproduisent souvent des panoramas de Chine ou du Japon, rendus célÚbres par la poésie.
Le Tsukiyama TeizĆden (« CrĂ©ation de jardins avec collines ») de Kitamura Enkin (1735) est un manuel important de cette pĂ©riode.
Il marque le passage de la conception des jardins, autrefois une vocation de lettrĂ©s, Ă une guilde de professionnels.Â
Les ueki-ya.
Sa classification des jardins est souvent reprise dans les ouvrages contemporains.
Kobori Enshu (1579-1647) est souvent considéré comme le premier paysagiste professionnel.
Il est notamment le concepteur du Joju-in.
Un sous-temple du Kiyomizu-dera, et du Konchi-in dans le temple Nanzen-ji, tous deux Ă KyĆto.
Les chĆnin, marchands et artisans, amĂ©nagent chaque espace entre leur petit bĂątiment attenant Ă la rue (omoteya).
Leur résidence (omoya), et leur entrepÎt (kura).
Les petits jardins de cour, plutÎt devant, sont appelés tsubo niwa ou naka niwa.
Tandis que des jardins un peu plus grands et plus retirés sont nommés senzai.
Leur aménagement est largement hérité des jardins de thé : lanternes de pierre, bassin creusé dans une pierre, pierres de passage.
Historique des jardins : Ăre Meiji
Shinjuku Gyoen (jardin impĂ©rial de Shinjuku), Ă TĆkyĆ.
Sous lâĂšre Meiji (1868-1912), les jardins incorporent des motifs occidentaux.
En particulier de grandes pelouses dégagées et une grande variété de plantes.
Dans certains jardins, les formes occidentales et japonaises coexistent cĂŽte Ă cĂŽte.
Dans dâautres, elles sont fusionnĂ©es.
Shinjuku Gyoen est un jardin représentatif de cette période.
En 1893, Josiah Conder (un architecte britannique installĂ© Ă Tokyo) publie Landscape Gardening in Japan, qui fait dĂ©couvrir lâart du jardin japonais en Occident.
La modernisation rapide du Japon et lâattrait des formes dâart occidentales conduisent les Japonais Ă dĂ©laisser temporairement leurs jardins traditionnels.
Et de nombreux jardins se dĂ©tĂ©riorent progressivement, jusquâaux annĂ©es 1930.
Historique des jardins : Ăre ShĆwa et jardins contemporains
Jardin ouest du temple TĆfuku-ji (1939)
Les jardins japonais retrouvent leur popularité pendant les années 1930.
Et surtout aprĂšs la Seconde Guerre mondiale.
Mirei Shigemori, Nakane Kinsaku et Mori Osamu sont les principaux acteurs de ce renouveau.
Les jardins modernes offrent une grande variété de styles, dont les styles traditionnels.
Lâurbanisation conduit Ă utiliser au mieux toute parcelle Ă peu prĂšs plate, et mĂȘme les toits sont parfois amĂ©nagĂ©s.
Les bùtiments publics, les centres commerciaux ou les hÎtels comportent fréquemment un jardin.
Des matĂ©riaux synthĂ©tiques font leur apparition, pour des raisons pratiques (il est difficile dâinstaller de gros rochers dans le hall dâun hĂŽtelâŠ).
Les onsen (sources thermales), haut de gamme amĂ©nagent de plus en plus souvent le pourtour de leur source avec un jardin, destinĂ© Ă ĂȘtre admirĂ© par les clients qui se baignent.
Parmi les jardins contemporains les plus marquants, on trouve TĆfuku-ji (1939), ou Matsuo Taisha (1975).
Le musĂ©e dâart Adachi (Adachi bijutsukan), Ă Yasugi, dans la prĂ©fecture de Shimane, est entourĂ© dâun jardin japonais considĂ©rĂ© comme Ă©tant lâun des plus beaux du Japon.